Étape Madurai
14/08/17 10:24

Madurai fût courte, mais intense. En chemin entre tanjor et ici même nous avons visité un chateau aux milles visages et quelques demeures assez improbables de commerçants. Improbables car leur architecture m’a par moment fait penser à des mélanges entre hindous et romains - en plus d'être assez isolées. Je t’en parlerais plus longuement prochainement.

Arrivé à Madurai une chose est nette : c’est la plus grande métropole que nous ayons rencontré. Le fourmillement dont je t’ai parlé à Puducherry a mué en chaos. Moins d’espace, plus de tout. Bruit, gens, animaux, commerces… Paris, à coté, c'est la détente. La visite phare du jour était celle du plus grand temple d’asie, parait-il. L’occasion pour moi de clarifier une erreur rédigée dans mon courrier précédent… Shiva est un homme. La taupe, c'est Shiva lingam, qui n’a pas de forme humaine. Shiva lingam représente à la fois Shiva et Parvati - sa femme - de façon abstraite. D'où le flou.
Ce temple m’a épuisé, ce temple est un lieu de vie. 20000 personnes par jour, nous as t’on dis… on est bien loin de la fréquentation du Vatican. Notre guide (Fidel Castro de son seul prénom) a tenu bien plus d’une heure. Entre les espaces de méditation, de prière, de repos et de musée, j’ai sincèrement fatigué au delà d'être émerveillé. Ici, le non croyant n’a pas accès à tout car il manque de respect. Il s'arrête ou circule n’importe comment alors qu’il faut tourner dans le sens des aiguilles d’une montre et pas autrement. Il y a effectivement beaucoup de règles et nous ne pouvons pas toutes les comprendres, encore moins les appliquer.
Suite à l’annonce fate par papa qu’il était chercheur en physique, Fidel Castro en a profité pour établir des parallèles entre les atomes, le système solaire, le CERN, Shiva et l’hindouisme en général. Pater est resté sceptique... Celà dit qui sait vraiment? Il faut choisir. Certaines choses sont sensée même pour nous, d’autres moins, comme dans tout. Nous avons belle et bien 9 trous, mais aussi 7 chakras et 5 sens.

C'est la partie muséale du temple, mais aussi d’un palais, qui fera office de transition anecdotique aujourd'hui. Ce qui est exposé est sacré, mais on ne se prive pas de toucher, parfois par tout les moyens. Les tablettes gravés sont caressées par tous, certains cartels ont été arrachés. Disons simplement que moi aussi j'aurais bien pouvoir faire ça, parfois. Ce qui m’a le plus frappé, c'est quand les objets sont sous verre. La, normalement, c'est compliqué de toucher. Pourtant rien n’y fait, les indiens ont trouvé un moyen : glisser leur photo d'identité, ou à default leur carte de visite, à travers les jointures plus ou moins hermétiques. Adieu l’anonymat de la caresse discrète. Dans ce cas les coupables sont indentifiables, voire tracables. Des statuettes ensevelies sous des cartes de visites. Voilà une marque de devotion inégalable. Chez nous toucher une oeuvre serait plutôt une forme de transgression, mais la pas du tout, ou plutôt ce n’est pas l’intention. L’important, c'est le contact. Les yeux ne suffisent pas… regarde ça.
En même temps, l’hindouisme semble reposer sur un cycle dont la mort fait partie, alors si on ne peut pas toucher seulement pour préserver, peut-être que ça n’a pas de sens. C'est objets peuvent-ils mourrir eux aussi? Peut-être pas au nom de l’histoire telle qu’on l’entend.

Ce courrier est plus court car un jour seulement s’est écoulé depuis le dernier. Je tenais à l'écrire aujoud’hui afin d’en terminer avec les temples pour un moment. Je ne pense pas qu’on puisse visiter des lieux de culte incessamment sans y vivre, et mon temple à moi je ne le connaît pas, alors je n’y habite pas.